Intérieur du temple dessiné par l'architecte Salomon de Brosse |
Autre représentation de l'intérieur de ce temple. |
Extérieur du temple de Charenton |
Historique : Le neveu d’Androuet Du Cerceau, Salomon De Brosse, lui aussi architecte du Roi, remet ses plans pour un nouveau temple aux anciens le 16 juin 1623 et la première pierre en est posée… 8 jours plus tard pour un achèvement en octobre 1624 !
Il s’élève une soixantaine de mètres à l’ouest du précédent et en contrebas, ce qui permet d’y accéder directement par une large cour pavée faisant face au moulin de La Chaussée. Au sud de cette cour on édifie quatre petites maisons que l’on louera et une tourelle d’angle disposée à l’entrée.
Ressemblant au précédent mais plus haut d’un étage et muni de grandes verrières laissant entrer la lumière ; il est bien documenté et a fait l’objet de nombreuses gravures dont celles d’Abraham Sylvestre. Le modèle du bâtiment sera repris par les réfugiés Huguenots de Genève, Berlin, Londres, Copenhague...
Hormis 2 mois en 1649 puis quatre, en été 1652 où il sera fermé, les combats de la Fronde se déroulant dans son voisinage, le grand temple recevra tous les dimanches et parfois même le jeudi, de 3 à 4000 fidèles venus de la Capitale soit par bateau, soit - et de plus en plus - en carrosse.
On sait que dès 1680, de nombreux Huguenots quittent le royaume à la suite d’une répression royale de plus en plus pressante ; parmi eux, le fils du pasteur Jean CLAUDE, un des plus renommés de Paris, qui va s’installer à La Haye où il emporte les volumes les plus précieux de la célèbre bibliothèque de Charenton…
Destruction : Charenton est très peu inquiété jusqu’à l’été 1685 mais le pasteur J. CLAUDE ne se fait aucunes illusions sur ce répit. Le 7 octobre, il donne son dernier prêche devant une assistance en larmes. Le dimanche suivant son collègue Mesnard préside ce qui sera de fait le dernier culte puisque dès le mercredi 17 octobre le roi signe l’Édit de révocation ; le lendemain le Chancelier Le Tellier le soumet au bureau du Parlement alors même que Mesnard procède à Charenton au dernier baptême, celui d’une petite Marie Madeleine… qui, décédée le lendemain, sera inhumée à Charenton le dimanche 21…
Le culte dominical avait cependant été annulé par précaution et les pasteurs parisiens se sont réfugiés dans les ambassades de Brandebourg ou des Provinces Unies. Ils apprennent le lundi, les mesures qui leurs sont réservées : alors que dans le Royaume les pasteurs ont 15 jours pour abjurer ou s’enfuir, eux n’auront que 48 heures, délai réduit à 24 heures spécifiquement pour J. CLAUDE !
Ce même lundi 22, vers 14 heures, le concierge Pierre Neveu remettait les clefs du temple au commissaire du Châtelet. Toute la semaine, plus de deux cents ouvriers vont se relayer pour détruire l’édifice. Le 28, les démolisseurs reçoivent du roi 1.020 livres pour leur ouvrage ; du temple, il ne restent que quelques bases de murs de cinq pieds de haut et un gros tas de gravas et de matériaux.
On répartit alors le domaine confisqué :
- l’emplacement du temple et du Pavé avec les petites maisons, pour l’Hôpital Général qui pourra ainsi accéder au chantier de récupération ; pierres, poutres et plomb sont ainsi transportés par bateau afin de servir à l’agrandissement de l’Hôpital Général (Salpetrière).
- aux Nouvelles Catholiques, le reste avec la maison du Consistoire demeurée indemne, les deux cimetières arasés mais non profanés, et les jardins s’étendant plus à l’Est. Le 26 octobre, la Mère supérieure Chevalier prend possession des lieux et installe quelques Sœurs dans la maison du Consistoire. Elle fait don des 1534 volumes restant dans la Bibliothèque à l’Abbaye de Saint Victor. Le 10 juillet 1686 les religieuses achèteront finalement la part de l’Hôpital général pour 5000 livres.
Bibliographie :
Nota : Le sigle BML signifie Bibliothèque Municipale de Lyon. Il est suivi de la cote de l'ouvrage dans cet établissement. Pour consulter un de ses ouvrages, cliquer sur le sigle BML.
Situation : il s'agit de la commune nommée autrefois Charenton - Saint-Maurice et actuellement 94410 Saint Maurice. En effet Charenton et Saint Maurice sont deux communes distinctes depuis 1842.
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