Document provenant des Archives départementales du Val-de-Marne |
Lorsque nous parlons de l’ancien Temple de Charenton, il s’agit du bâtiment implanté près du Moulin de la Chaussée, dans l’actuelle commune de St Maurice (née en 1842). Ce patronyme de « Temple de Charenton », s’explique par la dénomination de la vaste paroisse catholique de Charenton St Maurice qui englobait alors le territoire de l’actuelle St Maurice. Plusieurs fiefs se partageaient ce territoire : le plus vaste celui de Charenton St Maurice, et vers l’entrée du pont de Charenton, celui de La Chaussée avec en enclave de 7 hectares, le fief de La Rivière.
Installation : Chateauneuf vient d’acquérir l’Hôtel de La Rivière, un petit manoir fortifié construit au XIVème siècle, à flanc de coteau le long de la route de St Maur. Pour complaire au roi, il offre de le vendre à Gilles de Maupeou, le nouveau converti qui jouera le prête-nom pour le Consistoire (bailleur de fonds mais qui ne peut être propriétaire) ; Maupeou fera cession gratuite de jouissance le jour de la vente aux « aux habitants de cette ville et faubourgs de Paris, faisant profession de la RPR […] lesquels habitants luy avaient baillé et fourni ladite somme de 7000 livres pour faire ladite acquisition ».
Fureur de Jean Le Bossu, ancien Ligueur, seigneur des fiefs de Charenton St Maurice et de La Chaussée, et qui avait vendu moyenne et basse justice du petit fief de La Rivière en 1605 ! Plaintes vaines au Parlement dès le 2 juillet, et au Prévôt de Paris le 7 août, le 1er août, le roi a signé les Lettres patentes qui ordonnent « pour aucunes bonnes causes et considérations que ledit exercice (du culte protestant) serait transféré […] nonobstant oppositions ou appellations quelconques… car tel est nostre plaisir. ».
Le 23 août l’acte de vente pour 7000 livres est signé. Nous sommes à deux lieues de Paris…
Pierre de L’Étoile note pour le 27 août 1606 : On commença à prescher à St Maurice près le pont de Charenton […] Sa majesté y envoya des archers et un exempt des Gardes afin de contenir le peuple en son devoir. L’assemblée estait de 3000 personnes environ. »
Des émeutes ayant lieu chaque dimanche sur le passage des religionnaires, le dimanche 10 septembre, Henri IV doit revenir tout exprès de Fontainebleau pour déclarer aux émeutiers rassemblés à la Porte St Antoine : « Pour ne pas manquer à ses promesses, il fallait désormais compter cinq lieues de Paris à Charenton » Dernier argument, il fait dresser deux gibets au pied de la Bastille pour convaincre les indécis !
C’est donc dans la cour de l’Hôtel de La Rivière recouverte d’un vélum, que, prêcheront maintenant La Faye, Laubéran de Montigny et Du Moulin durant l’automne 1606 !
Historique : Construit en 1607 sur les plans de Jacques Androuet Ducerceau, copié du temple d'Ablon mais réduit à neuf travées, construit avec les matériaux du temple d'Ablon sur Seine. Il utilisera cette fois-ci des artisans locaux (maçon de Charenton, charpentier de Vincennes ; seul le couvreur est parisien, rue de Grenelle.) Les pierres viendront des carrières de Charenton…
Les marchés sont signés en février et mars 1607 et tout doit être fini en juin. Économe, le Consistoire récupère du bâtiment désaffecté d’Ablon, tuiles, charpentes, huisserie et bancs que l’on achemine par bateaux.
Où se situait ce premier temple ? Aucun plan ni gravure d’époque ne nous est parvenu. Jusqu’à présent on s’accordait à le situer sur un terre plein à l’ouest du manoir (actuellement recouvert par le remblai de l’hôpital) ; des recoupements entre récits de visiteurs ainsi que quelques éléments archéologiques du XIXème siècle plaidaient dans ce sens. Les fouilles en cours tendraient à le situer maintenant au SE, plus bas vers la Marne ?
En 1613, le Consistoire décide la construction d’un bâtiment de deux étages perpendiculaire au mur Nord, à l’Ouest de l’Hôtel avec l’intention d’y installer un collège protestant ; au Nord de la Loire il n’y en a que deux : Clermont en Beauvaisis et Saumur. Mais Louis XIII refusera et l’on devra se contenter d’y loger une « petite école » la Bibliothèque et les réunions de Consistoire ou de quelques synodes régionaux ou nationauxDès la mort du Vert galant, le temple fera l’objet de menaces incessantes de la part de fanatiques catholiques : déjà en mars 1615 un début d’incendie criminel est contrôlé mais le dimanche 26 septembre 1621, près de 4.000 émeutiers viennent de Paris saccager, piller puis incendier les édifices avec une complicité de fait des autorités de police. Les ruines calcinées demeurent silencieuses plus d’un an dans l’attente d’autorisations royales. La maison du consistoire est réparée en novembre 1622, mais ce n’est que le 4 mars 1623 que « sa Majesté remet au soing et diligence des supplians le rétablissement du dict temple. ». On se cotise donc.
Situation : il s'agit de la commune nommée autrefois Charenton - Saint-Maurice et actuellement 94410 Saint Maurice. En effet Charenton et Saint Maurice sont deux communes distinctes depuis 1842.
Voir : le deuxième temple.
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